Râbi’a de Feu et de Larmes
éditions Albin Michel – 2 novembre 2015
La première mystique de l’Islam.
Une femme, un amour intense, une distance prise avec ce qui n’est pas l’Absolu.
éditions Albin Michel – 2 novembre 2015
La première mystique de l’Islam.
Une femme, un amour intense, une distance prise avec ce qui n’est pas l’Absolu.
Poète et essayiste parmi les plus marquants de notre temps, d’origine franco-libanaise, Salah Stétié est reconnu et se revendique lui-même comme un penseur méditerranéen (cf. son livre Cultures et violence en Méditerranée, Imprimerie Nationale, 2008). Il a consacré au Mare nostrum une partie de sa réflexion, analysant les tenants et aboutissants de cette région du monde où sont nés – fût-ce parfois sous le couvert du Dieu unique – l’humanisme ainsi que la civilisation issue de celui-ci et ses cultures contrastées. Or, aujourd’hui, la Méditerranée déchirée vit une terrible, une dangereuse tragédie identitaire dont la conséquence est, ici et là, la détérioration de la volonté de dialogue. Pourquoi ? Comment ? Telles sont les questions engageant notre avenir que se pose l’écrivain et auxquelles son propos souhaite répondre.
Recueil des images de Dominique Baudis en dialogue avec les textes de ses compagnons de route, journalistes, politiques, écrivains…
Lire mon hommage à Dominique Baudis : https://salahstetie.net/?p=1026
Article paru dans Le Figaro 6/3/15
Le Coran dit en sourate III, 45 :
Ô Marie
Dieu t’annonce
la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de Lui :
Son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ;
illustre en ce monde et dans la vie future ;
il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu…
Il dit aussi en V, 82 :
Tu constateras
que les hommes les plus proches des croyants
par l’amitié sont ceux qui disent :
« Oui, nous sommes Chrétiens ! »
en 83 : (ce sont les chrétiens qui parlent) :
Notre Seigneur !
Nous croyons !
Inscris-nous parmi les témoins !
En 84 :
Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu
et à la Vérité qui nous est parvenue ?
Pourquoi ne désirerions-nous pas
que notre Seigneur nous introduise
en la compagnie des justes ?
En 85 :
Dieu leur accordera
en récompense de leurs affirmations
des Jardins où coulent des ruisseaux
Ils y demeureront immortels :
telle est la récompense de ceux qui font le bien
Le Coran dit bien d’autres choses. Mais rien ni personne ne peut faire que ces mots tout d’affection et d’espérance à l’égard des chrétiens ne soient inscrits pour l’éternité (puisque la parole divine est, dit-on, éternelle) dans le Livre sacré de l’Islam.
Comment feront ceux qui aujourd’hui, en Orient, persécutent les chrétiens, les égorgent, les jettent vivants dans des puits, parfois les crucifient, oui, comment feront ces lecteurs sans doute assidus du Coran pour justifier leurs actes aussi inhumains qu’illégitimes aux yeux de leur Livre et pour se dédouaner devant leur Dieu d’en avoir ainsi cruellement usé avec ceux qui se sont, cinq siècles avant eux, déclarés les témoins de la Vérité et ont suivi la parole du “Verbe de Dieu” ?
Qu’ils relisent, ces égarés, les ayât que je viens de leur remettre en tête. Qu’ils sachent également, ces Arabes, que si la langue arabe existe aujourd’hui dans la splendeur créatrice qu’on lui connaît, c’est parce que dès la fin du XIXe siècle, des lexicologues, les Boustany, l’ont ressuscitée et l’ont illustrée par des dictionnaires et des encyclopédies, que des érudits, les Yazigi ont montré de cette langue la fertilité intrinsèque, que le premier livre de la modernité arabe, quoique écrit en anglais, s’appelle Le Prophète et que le héros de ce livre, traduit dans une cinquantaine d’idiomes et toujours passionnément lu, se nomme Al-Mustapha, l’autre désignation de “l’Envoyé”. Les Boustany, les Yazigi, Khalil Gibran, l’auteur du Prophète, sont des chrétiens du Liban. Ils appartiennent tous à une magnifique communauté spirituelle et intellectuelle qui habitait, qui habite toujours le monde arabe. Les chrétiens sont chez eux définitivement dans ce monde et je les supplie, à genoux s’il le faut, de ne pas partir, de ne pas céder à la panique. Que ferions-nous, nous, les musulmans, sans eux, sans leur présence, qui fut souvent pour tous les peuples de cette région synonyme de progrès à tous les niveaux ?
J’ai honte d’avoir à écrire tout cela qui devrait aller de soi. J’ai honte avec tous ceux qui, aujourd’hui, ont honte. Honte, terriblement.
Salah Stétié
Dernière publication : L’Extravagance, mémoires (Robert Laffont)
Salah Stétié
2015-02-05
Poète et essayiste libanais vivant en France, Salah Stétié est né à Beyrouth en 1929. Diplomate longtemps en poste à Paris, secrétaire général du ministère libanais des affaires étrangères, ancien délégué permanent du Liban auprès de l’Unesco, il a fondé en 1955 L’Orient Littéraire et a collaboré aux principales revues de création littéraire et poétique en France, dont Les Lettres Nouvelles, Le Mercure de France, La Nouvelle Revue Française… Il a obtenu en 1995 le Grand Prix de la Francophonie décerné par l’Académie française. Son autobiographie, L’Extravagance, est sortie en septembre dernier aux éditions Robert Laffont.
Quel est le principal trait de votre caractère ?
L’ouverture à l’autre.
Votre qualité préférée chez une femme ?
La volonté d’être.
Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis ?
La discrétion.
Votre principal défaut ?
L’impatience.
Votre occupation préférée ?
Écrire.
Votre rêve de bonheur ?
Écrire en aimant.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Cesser d’aimer.
Ce que vous voudriez être ?
Ce que je suis, en mieux, autrement dit en plus.
Le pays où vous désireriez vivre ?
Le mien, s’il existait.
Votre couleur préférée ?
La huitième.
La fleur que vous aimez ?
Le lis noctiflore.
L’oiseau que vous préférez ?
Le colibri.
Vos auteurs favoris en prose ?
Montaigne, Pascal, Flaubert, Jouve.
Vos poètes préférés ?
Villon, Djelal-Eddine Roumi, Rimbaud, Al-Mutanabbi, Mallarmé, Claudel.
Vos héros dans la fiction ?
Les ambigus.
Vos compositeurs préférés ?
Bach, Vivaldi, Mozart, Mahler.
Vos peintres favoris ?
Tous ceux avec qui j’ai travaillé, plus Vermeer.
Vos héros dans la vie réelle ?
Les ambigus.
Vos prénoms favoris ?
Les moins voyants.
Ce que vous détestez par-dessus tout ?
La goinfrerie.
Les caractères historiques que vous détestez le plus ?
Les politiques de violences.
Le fait militaire que vous admirez le plus ?
Aucun.
La réforme que vous estimez le plus ?
Celle qui donne la sécurité économique aux pauvres.
L’état présent de votre esprit ?
Mélancolique.
Comment aimeriez-vous mourir ?
Par hasard.
Le don de la nature que vous aimeriez avoir ?
La séduction physique (aussi).
Les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ?
Les fautes d’orthographe chez les enfants (et les gendarmes).
Votre devise ?
« Passer outre ».
29-31 janvier 2015 – Auditorium de la BNU
Entrée libre dans la limite des places disponibles
organisé par la Bibliothèque nationale et universitaire et la Faculté des lettres de l’Université de Strasbourg, avec le soutien du Consulat général de Russie.
Programme
29 janvier : Première journée
13.30 – 14.00 : Ouverture du colloque par :
Albert Poirot, administrateur de la BNU
Michel Deneken, 1er vice – président de l’Université de Strasbourg
Béatrice Guion, directrice de l’Equipe d’Accueil « Configuration Littéraire »
30 janvier : Deuxième journée
10.00 – 12.30 : Poètes en dialogue : Péguy, Stadler, Owen
Présidé par Xavier Hanotte (Ecrivain et traducteur)
Maryse Staiber (Université de Strasbourg) : « De Péguy à Stadler : un cas de transfert culturel dans l’Europe d’avant-guerre »
Jennifer Kilgore-Caradec (Université de Caen) : « Blessures profondes dans l’œuvre de Péguy, Stadler et Owen »
Charles Fichter (germaniste, professeur agrégé) : « Stadler, Péguy et la guerre »
14.00 – 18.00 : Dialogue entre les arts et la guerre
Présidé par frère Remy Vallejo (centre Emmanuel Mounier)
Maurice Godé (professeur émérite de l’Université de Montpellier) : « Les poètes et la Grande Guerre dans les revues expressionnistes allemandes Der Sturm, Die Aktion et Die Weißen Blätter »
Sophie Aymes-Stokes (Université de Bourgogne) et Brigitte Friant-Kessler (Université de Valenciennes) : « Entre traces et mémoire : illustrer la poésie de la Grande Guerre »
Tatiana Victoroff (Université de Strasbourg) : « Mystère et guerre. Charles Péguy et Richard Brunck de Freundeck »
Gilles Couderc (Université de Caen) : « Wilfred Owen, poète de guerre : la construction du mythe dans les arts »
Franck Knoery (Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg) : « La blessure et la chute. Une iconographie du héros de guerre dans les arts graphiques, autour du premier conflit mondial »
19. 30 : soirée poétique au Consulat de Russie à Strasbourg : lecture par Olga Sedakova de ses poèmes (en russe et en français).
Dans la limite des places disponibles, inscription obligatoire : vanessa.brosius@gmail.com ou tél : 06 61 82 40 48
31 janvier : Troisième journée
Je viens de perdre un ami qui m’était cher. Julien Bernard Jalaleddin Weiss, qui vient de mourir d’une très cruelle maladie, supportée courageusement et dans l’espoir de la vaincre, a été un grand musicien d’une singularité et d’une originalité sans pareilles. Plutôt que de se réaliser dans la seule musique occidentale, comme tant d’autres exceptionnellement doués, il a choisi l’aventure de l’expatriation. Il est allé vers l’Orient, l’Orient classique des musiques traditionnelles mais qui, avant lui, avaient été trahies et déformées par des surcharges qui étaient autant d’amputations et d’abaissements. Ces musiques, avec les instruments qui les portaient et les musiciens susceptibles de les jouer et de les chanter, il est allé les chercher un à un à leur source même, en Syrie et dans tous les pays voisins et, pour mieux faire encore, il a pendant une quinzaine d’années, choisi de vivre dans ce centre exceptionnel du rayonnement créateur de la musique soufie que fut Alep avant la tragédie actuelle et ses ruines accumulées. Julien Jalaleddin Weiss, avec les siens, nous a restitué, a restitué à l’Islam, mais aussi à l’oreille occidentale la plus raffinée, les sons et les chants de la très haute invention musicale qui fut, de Perse en Iraq, d’Iraq en Syrie et de Syrie en Turquie remontant jusqu’à Constantinople, les trésors des siècles inspirés. Il devint le témoin et la référence absolue dans ce domaine.
Ses concerts étaient sollicités dans le monde entier et applaudis partout.
S’il chante désormais, c’est avec les oiseaux spirituels que l’immense poète Attâr a réunis dans sa merveilleuse Conférence.
Salah Stétié
Un siècle de poésie. Saïd Akl, qui vient de disparaître à 102 ans, a rempli substantiellement son contrat avec le temps.
Ce cadet presque immédiat de Gébrane Khalil Gébrane a aussi rempli son contrat avec les mots. Alors que Gébrane inventait en langue arabe son poème allégorique, tout en versets simples et sapientiaux, Akl, le lecteur des symbolistes français, dont Mallarmé et surtout Valéry, cherchait, dans une forme d’alchimie imposée aux plus purs vocables de l’arabe, à annexer à la musique raffinée de son poème la chambre d’échos et de significations secondes. Son recueil Rindala fit date dans l’Histoire du jaillissement créateur du XXème siècle au Proche-Orient. Plus tard, devant les nombreuses trahisons et coups tordus dont fut victime le Liban de la part de ses « frères arabes » et autres « nations soeurs », Saïd Akl se détourna de la langue classique magistralement utilisée par lui jusque-là pour pratiquer le dialectal libanais qu’il fit vibrer à nous plus-émouvoir, à nous faire sourire, rire, et parfois à nous crever le coeur. Fayrouz, la grande Fayrouz, le chanta durant les années amères, et elle nous fit pleurer. Saïd (adieu, l’ancêtre!) écrivit le vers le plus compact de la prosodie moderne arabe : « Toi plus belle que ta beauté ? Non ! »
IMA le 26/11/14
Rarement esprit fut aussi complexe que celui-là, aussi chargé de signes contradictoires que l’effort de Abdel-Wahab toute sa vie fut de tenter de réduire à l’unité, unité qui ne fût pas une simplification autoritaire de la contradiction existentielle, du combat spirituel dans sa brutalité antithétique, mais, à l’inverse, une expansion du lieu d’unité appelé à plus et à mieux contenir. Je n’en veux pour preuve que ce fait d’évidence : ayant créé et géré sur plusieurs années une admirable revue thématique, à projection philosophique et littéraire, à vocation encyclopédique, quel titre choisit Abdel-Wahab pour sa publication qui fit date ? Dédale, le labyrinthe sans fin où s’engage, chaque fois que cela est nécessaire (c’est-à-dire tous les jours), l’homme de pensée objet de violentes émotions. Et c’est par cette formule que je définis le beau, l’exigeant poète qu’il fut, qu’essentiellement il fut. Même si, dans sa jeunesse, il fut aussi éditeur, qu’il fut l’un des premiers, aux éditions Sinbad, créées par Pierre Bernard, dont il fut le collaborateur immédiat, à signaler l’importance de l’Égyptien Meguib Mahfouz, futur prix Nobel de littérature, du Syro-Libanais Adonis et du Soudanais Et-Tayyeb Faleh.
Ce poète, Abdel-Wahab Meddeb, a mis au plus haut de sa quête le besoin, l’exigence de comprendre. De tenir intellectuellement dans son laboratoire analytique, à portée de toute idée en quelque sorte, le pourquoi et le comment des choses : choses d’hier, choses de demain et, principalement, choses d’aujourd’hui. Pourquoi celles-ci sont-elles ainsi faites et quelles sont les pulsions profondes auxquelles elles doivent ce qu’elle sont et qui leur donnent leur type d’architecture instinctive ou réfléchie ? J’aimais beaucoup l’œil bleu de Abdel-Wahab et cette flamme aiguë qui l’animait. Ce regard qui se posait nettement sur les hommes et les choses dont il sollicitait qu’ils lui répondent avec la même netteté, retiré le brouillard qui le plus souvent mélange les genres et complique l’approche. Sous le scalpel de l’intelligence de ce Tunisien nourri de toute la haute culture française, il y avait souvent l’éclair d’acier valéryen : comme l’auteur de Monsieur Teste, il ne souhaitait pas se payer de mots. Mais, l’amande dépouillée de sa gangue, la fleur de l’amandier odorait la pensée et la phrase savait chanter mezza voce.
Aimait-il l’Islam ? On lui a beaucoup reproché, du côté musulman où il ne comptait pas que des amis – loin de là – le titre de son premier livre sur la détérioration de la situation d’un certain Islam d’après le 11 septembre 2001, pro-Ben Laden et fondamentalement anti-occidental : La Maladie d’Islam. Un de ses éditeurs français alla même jusqu’à rompre avec lui brutalement. Et pourtant, dans la perspective retournée, combien ce titre nous paraît aujourd’hui prophétique ! Abdel-Wahab, fils d’un uléma, grand lettré de Tunis et descendant d’une dynastie de foukaha'(s), savait de quoi il parlait. Il préférait à tout la civilisation de l’Islam dont il connaissait tous les phares rayonnant mentalement, tous les grands sites méditerranéens, les textes mi-obscurs mi-lumineux, les cycles mobiles et les monuments immobiles. Tout dans cet Islam-là, auquel il avait voué son esprit et son cœur, l’interpellait, lui donnait racine et raison d’être, dans une Europe qu’il pratiquait également et dont la civilisation et la culture en France et en Allemagne notamment, mais aussi en Italie et en Espagne (ah ! l’Andalousie d’Ibn Arabi de Murcie !), faisaient partie de son patrimoine familier. Il pouvait parler (improviser) à propos de Berlin comme à propos de Tunis, traçant le plus vaste paysage et relevant au passage le moindre détail. Mais son domaine de prédilection était, je l’ai dit, celui des idées : il connaissait tout, notamment des arcatures spirituelles de l’abrahamisme partagées entre juifs, chrétiens et musulmans, en particulier tout des mystiques liées à cet abrahamisme dont très spécifiquement la mystique soufie. Il attaquait violemment le primarisme, celui des Wahabites, celui des intégristes, celui des djihadistes, toutes tendances étrangères à l’élan du noyau intérieur. Lui, le rationaliste métissé du spiritualisme le plus instinctif luttait à visage découvert contre ces terribles régressions dont sa religion natale était atteinte du fait d’imbéciles pétris d’inculture revendiquée, du fait aussi de dirigeants fossilisés. Et, d’éditorial en éditorial, de livre en livre, ainsi que dans son émission hebdomadaire “Culture d’Islam” sur France-Culture, il le rappelait à tout propos, poussant son analyse parfois, souvent même, plus loin que ne le faisait son invité pourtant spécialiste du problème évoqué à l’antenne.
Abdel-Wahab Meddeb, écrivain et poète, laisse derrière lui en langue française (cette langue qu’il dominait aussi bien que l’arabe) deux romans qu’on connaît : Talismano et Phantasia, et six recueils de poésie – à côté d’une œuvre d’érudition de haute qualité écrite dans la solitude ou dans le cadre d’un dialogue avec une intelligence à la mesure de la sienne, méthode d’approche par lui souvent privilégiée. J’appréciais infiniment chez lui cette façon qu’il avait de sortir de la nuit de l’Histoire par le haut, là où l’air respirable est une promesse d’aube immatérielle. Son dernier recueil, Portrait du poète en soufi, publié quelques jours avant sa mort, est dû à la volonté farouche de son ami Michel Deguy que le livre existât avant la disparition du poète quand celle-ci terriblement se profilait. Je cite cette ultime vision, rêverie de Abdel-Wahab sur un univers où enfin la paix générale dominerait :
[…] à l’ombre du préau errent les sectateurs de mille obédiences
ils pulvérisent leur croyance en restant au devant d’eux-mêmes
en-deçà et au-delà du dogme auquel les uns et les autres acquiescent
vagabonds sublimes soucieux de leur présence au monde
le yogi côtoie le soufi le pandit le ‘alim le sunnite le shiite
le barbu l’illuminé le viril l’efféminé l’extatique le sobre
le chagrin de la passion habite l’un l’Intellect rayonne dans l’autre
celui-là cajole dans la main une colombe il lui chuchote ses confidences
encore un autre qui se confond avec l’arbre qui lui tient le dos
c’est un sage qui bénit tout passant inconnu enfants et adultes
vieux ou jeunes de l’un et l’autre sexe tous progressent
vers le foyer de sainteté Aya ton ombre monte avec moi
les nombreuses marches […]
Notre ami très cher est parti, montant les nombreuses marches. Derrière lui il laisse un vide immense. Un immense plein.
Salah Stétié
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