in L’Orient-Le Jour du 13 novembre 2006

Liban de Salah Stétié
et Caroline Rose
aux éditions Dar an-Nahar

Il y a des livres, comme celui-là, qui ont la classe. Esthétiquement irréprochable, ce Liban aux éditions Dar an-Nahar, où le verbe lumineux de Salah Stétié se conjugue au présent parfait avec les photographies inspirées de Caroline Rose.

Au fil des pages, le regard se perd rêveusement le long des cimes de Sannine sous la neige, s’accroche aux façades des monastères troglodytes de la vallée de Qadisha, se promène sur la baie de Jounieh, se niche sous les arcades des vieux hammams de Tripoli, se fixe sur l’azur de la Méditerranée sur le port de Saïda. Laissez-vous entraîner au cœur de ces paysages grandioses ou baignés de douceur, de ces villages accrochés à flanc de falaise, de ces villes altières…
Le Liban dissimule un patrimoine d’une incroyable richesse. Qu’il soit historique, architectural ou naturel, dans nos villes ou dans nos villages, il n’en finit pas d’émerveiller ceux qui s’y promènent. Ces beautés insoupçonnées ou célèbres se dévoilent au fil des pages de ce livre conçu comme un poème. Car Salah Stétié est poète avant d’être penseur, essayiste, traducteur… et d’embrasser la carrière de diplomate pour l’état civil. Pour lui, le Liban est un pays de poètes. «On imagine moins le Liban privé de poésie ou de poètes que le mont Sannine décoiffé de son turban de neige ou que la région dite des Cèdres, non loin de Bécharré, privée définitivement de ses illustres arbres. Grands poètes, ils prennent sous leur protection les autres poètes, leurs frères et sœurs humains qui, eux aussi, sont à leur façon des arbres abreuvés par l’eau du pays, arrosés par sa pluie, ensoleillés par son soleil, purs de sa pureté, et quand il saigne – cela est arrivé souvent –, saignant avec lui.»
Faut-il qu’il aime tellement le Liban pour qu’il en parle avec autant de verve et d’âme? ne peut s’empêcher de se demander le lecteur en se délectant du texte «stétien». Un texte qui comporte des données historiques, archéologiques et sociologiques tout autant qu’«amouristiques».
Même les illustrations semblent être cadrées avec beaucoup d’attention. Caroline Rose travaille la photographie depuis 1970, essentiellement pour l’architecture, l’objet d’art et le théâtre. Elle a publié Églises de Rome (Imprimerie nationale), Lieux et spectacles à Paris, François Mansart, Notre-Dame de Paris, Des jours et des fleurs et dans la même collection, Villes d’eaux, stations thermales et balnéaires, Places et parvis de France, Hôtels de ville de France.
À l’occasion de la parution de ce livre, le président français Jacques Chirac a adressé à Salah Stétié un message de félicitations dans lequel il note: «Dans ce livre où se marient si harmonieusement l’histoire, la méditation et la poésie, la magie du Liban se révèle au fil des pages. Elle insuffle la conviction que malgré le fracas des armes, le Liban garde son visage d’éternité et affermit, à travers les épreuves, sa vocation à unir les différences et faire dialoguer les contraires.» Et Chirac d’ajouter:
«C’est pourquoi, au-delà des heures terribles que votre pays vient de vivre, je retire de la lecture de votre ouvrage un message d’espoir. J’ai la conviction que demain, le Liban existera de nouveau pleinement et que les Libanais vivront ensemble. Il est juste de vous remercier d’avoir fait apparaître, par anticipation, cette image du Liban réconcilié auquel tous ses amis travaillent avec détermination.»
Un bel hommage au «Liban», le pays tout autant que le livre.