AMIR

 

 

J’ai très peu connu Amir qui signait seulement de son prénom des œuvres à l’encre ou à l’acrylique toujours sur papier et qui avait un goût très vif pour la poésie. Iraqien d’origine et réfugié politique dans les années 70, il venait parfois à Paris depuis l’Allemagne où il vivait dans la banlieue de Bonn. J’aimais sa peinture, héritière du surréalisme et des mythes d’Assur et de Babel, peinture traversée d’un sentiment très fort du tragique de la vie. Pressentait-il sa mort prochaine ? Un jour, un de nos amis communs m’annonça qu’Amir venait de disparaître à l’âge de trente-huit ans. La dernière fois que je l’avais vu, c’était à une exposition improvisée que ses amis, réfugiés politiques en France, avaient organisée autour de son œuvre dans une salle-galerie du Quartier Latin.