Julien vers les Oiseaux
Je viens de perdre un ami qui m’était cher. Julien Bernard Jalaleddin Weiss, qui vient de mourir d’une très cruelle maladie, supportée courageusement et dans l’espoir de la vaincre, a été un grand musicien d’une singularité et d’une originalité sans pareilles. Plutôt que de se réaliser dans la seule musique occidentale, comme tant d’autres exceptionnellement doués, il a choisi l’aventure de l’expatriation. Il est allé vers l’Orient, l’Orient classique des musiques traditionnelles mais qui, avant lui, avaient été trahies et déformées par des surcharges qui étaient autant d’amputations et d’abaissements. Ces musiques, avec les instruments qui les portaient et les musiciens susceptibles de les jouer et de les chanter, il est allé les chercher un à un à leur source même, en Syrie et dans tous les pays voisins et, pour mieux faire encore, il a pendant une quinzaine d’années, choisi de vivre dans ce centre exceptionnel du rayonnement créateur de la musique soufie que fut Alep avant la tragédie actuelle et ses ruines accumulées. Julien Jalaleddin Weiss, avec les siens, nous a restitué, a restitué à l’Islam, mais aussi à l’oreille occidentale la plus raffinée, les sons et les chants de la très haute invention musicale qui fut, de Perse en Iraq, d’Iraq en Syrie et de Syrie en Turquie remontant jusqu’à Constantinople, les trésors des siècles inspirés. Il devint le témoin et la référence absolue dans ce domaine.
Ses concerts étaient sollicités dans le monde entier et applaudis partout.
S’il chante désormais, c’est avec les oiseaux spirituels que l’immense poète Attâr a réunis dans sa merveilleuse Conférence.
Salah Stétié